Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 5.djvu/428

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commis par moi, avec préméditation et guet-à-pens.

Ce n’est pas pour vous que je dis cela ; vous n’êtes pas disposés à me croire car vous êtes mes ennemis. Je le dis pour que mon pays l’entende. C’est là un acte dont je ne suis ni coupable ni capable. Si j’avais tué ce militaire, je l’aurais fait dans un combat à armes égales autant que cela se peut dans le combat de la rue avec un partage égal de champ et de soleil. Je n’ai point assassiné, c’est une calomnie dont on veut flétrir un soldat de la cause du peuple. Je n’ai pas tué le lieutenant Drouineau. Voilà tout ce que j’avais à dire. »

La vérité a des accents irrésistibles : ce que Barbès venait d’affirmer, chacun le crut dans le sanctuaire de sa conscience. Fidèle à sa déclaration, Barbès s’était imposé la loi de ne pas répondre aux questions du président. Il rompit, néanmoins, le silence pour dire, dans un moment où l’interrogatoire le pressait : « Quand l’Indien est vaincu, quand le sort de la guerre l’a fait tomber au pouvoir de son ennemi, il ne songe point à se défendre, il n’a pas recours à des paroles vaines : il se résigne et donne sa tête à scalper. » Le lendemain, M. Pasquier ayant fait observer que l’accusé avait eu raison de se comparer à un sauvage, « le sauvage impitoyable, reprit Barbès, n’est pas celui qui donne sa tête à scalper ; c’est celui qui scalpe. »

Comme son ami, Martin Bernard refusa de se prêter à l’interrogatoire et garda jusqu’à la fin une