Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 5.djvu/432

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sterna Paris. On se rappelait 1830, les flots de sang versés durant trois jours, les ordonnances, et comment fut épargnée la tête des ministres de Charles X et quelle était, à cette époque, l’horreur du roi pour la peine de mort ! Barbès d’ailleurs avait éveillé partout d’inexprimables sympathies. On déplorait, on blâmait sa révolte, mais on admirait la ferveur de sa foi et la dignité de son courage. Le 13 juillet, vers le milieu du jour, on vit arriver sur la place Vendôme, se dirigeant vers la chancellerie, près de trois mille élèves des écoles de droit et de médecine. Ils s’avançaient lentement, en silence, la tête nue, avec l’ordre lugubre et le recueillement qui président à la solennité des funérailles. Sur la place, ils s’étendirent en cercle, et deux d’entre eux, se détachant, montèrent chez le garde-des-sceaux. Ils allaient demander, au nom de la jeunesse de Paris, l’abolition de la peine de mort en matière politique, et, pour Barbès, une commutation de peine. M. Teste était absent : M. Boudet les reçut et leur promit, avec une noble bienveillance, de rendre de leur mission un compte fidèle. Puis la colonne reprit sa marche silencieuse et grave à travers la population attristée. Dans le même temps, pour le même but et avec le même sentiment d’ordre, une autre colonne de citoyens, formée sur le boulevart Bonne-Nouvelle, se dirigeait vers le Palais-Bourbon. Mais elle avait dans ses rangs, celle-là, des hommes en blouse, des ouvriers : à peine atteignait-elle le pont de la Concorde qu’une charge de cavalerie vint qui la heurta violemment et la dispersa.