Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 5.djvu/443

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avait juré sa perte, parce qu’il résistait au despotisme des marchands de Londres, parce qu’il avait sous la main l’Euphrate et la mer Rouge, grandes routes de l’Inde parce qu’on ne pouvait aller de la Tamise au Gange, en traversant la Méditerranée, sans le rencontrer et le subir ; parce qu’il aimait la France. De là le traité de commerce conclu le 16 août 1838 entre l’Angleterre et la Porte, traité qui devait à la fois servir de contre-partie aux conventions d’Unkiar-Skelessi, et ruiner le pacha d’Egypte par la suppression des monopoles, source à peu près unique de ses revenus. Et qui la représentait, à Constantinople, cette haine anglaise ? Un diplomate fougueux jusqu’à l’étourderie, passionné jusqu’à la violence : lord Ponsonby. Il est vrai que le consul-général de la Grande-Bretagne à Alexandrie était M. Campbell, esprit juste et modéré. Mais lord Ponsonby attirait à lui le gros de la politique, se faisait centre, et, quoique le langage de la paix fut sur ses lèvres, tout bas il poussait à la guerre, enflammant les rancunes de Mahmoud et sa jalousie, encourageant son orgueil, présentant l’occupation de la Syrie par Ibrahim comme une usurpation d’une insolence rare, et prédisant comme un fait inévitable l’extermination du vice-roi. Eh cela, néanmoins, nul doute que lord Ponsonby ne dépassât la politique de son gouvernement. Au fond, le Cabinet de Saint-James redoutait et devait redouter une rupture qui eût infailliblement placé Constantinople sous la protection de l’épée russe.

De la part de la France, mêmes appréhensions relativement à la Russie. Car, du reste, — et ici le