Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 5.djvu/445

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levée de soixante mille soldats fut décrétée. Sur les frontières de la Syrie, ce n’était qu’un formidable mouvement d’hommes et de chevaux. L’armée que Hafiz commandait et qui, dès 1837, avait pris ses campements dans le pays des Kurdes, grossissait, s’avançait. Les aventuriers des montagnes refusant d’abandonner le système des courses armées pour entrer dans la nouvelle milice, dans le Nizam, l’enrôlement fut ensanglanté ; il fallut ravager les populations qu’on voulait enchaîner au drapeau ; on fit des prisonniers pour avoir des recrues. La marche des caravanes était arrêtée. Les routes se couvrirent de chameaux pliant sous le faix des munitions de guerre. De plus, et au nom du Grand-Seigneur, de mystérieux émissaires excitaient à la révolte. Leur voix monta, dit-on, jusqu’à la retraite embaumée du fond de laquelle lady Stanhope consultait les destins et lisait dans les étoiles. Proclamée reine de Palmyre dans la poésie du langage oriental, et reine en effet par la grâce, l’imagination et la beauté, elle était animée contre le pacha d’Egypte d’un ressentiment que son influence sur les montagnards du Liban pouvait rendre dangereux. La gloire des périls ne manqua donc pas à Ibrahim. Lui, de son côté, il faisait ses dispositions, se préparait à changer en casernes les caravansérails d’Alep, complétait les moyens de défense de la forteresse d’Acre, et fermait les défilés du Taurus portes de la Syrie.

Sur ces entrefaites, Méhémet-Ali rentra au Caire, et son retour vint précipiter les événements. Il ne rapportait pas de son voyage l’or convoité. Mais jamais il n’avait sérieusement compté pour abattre