Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 5.djvu/451

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monde. Si elle avait un intérêt secondaire à faire valoir à Alexandrie, elle avait à Constantinople un intérêt vital à défendre. Et, pour le défendre, elle avait besoin de notre appui.

Aussi le Cabinet de St-James s’empressa-t-il de faire au ministère du 12 mai des ouvertures tendant à resserrer, pour mieux l’opposer à St-Pétersbourg, l’alliance de Londres et de Paris. Dès le 25 mai (1839), M. de Bourqueney écrivait de Londres à son gouvernement : « Lord Palmerston est d’avis que nous nous présentions sans retard à Vienne, unis d’intentions et d’efforts pour la conservation de l’empire ottoman, que nous y exposions franchement le but que nous nous proposons d’atteindre, et que nous pressions l’Autriche d’y concourir par tous les moyens en son pouvoir. Une démarche de même nature aurait lieu en même temps à Berlin. » Ce que lord Palmerston proposait, c’était donc que, par une entente préalable et particulière, la France et l’Angleterre se missent en mesure de dominer les délibérations qui auraient pour but la conservation de l’empire ottoman.

La route était tracée ; mais les ministres du 12 mai s’en écartèrent, entraînés par d’aveugles préoccupations. Qu’ils eussent essayé de faire entrer la Turquie dans le droit européen, auquel les traités de 1815 l’avaient déclarée étrangère, et de remplacer le protectorat exclusif des Russes sur Constantinople par une sorte de protectorat amphyctionique, rien de mieux, assurément ; mais, plus on entrait dans l’idée d’un concert européen, plus il devenait indispensable de borner sa compétence,