Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 5.djvu/468

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l’Europe inspirant, la force guerrière de rempire russe est venue languir devant de faibles murs défendus par d’intrépides musulmans ?… Le jour où il s’agirait de balayer les Turcs du sol qu’ils occupent, le jour où l’on détruirait les tombeaux de leurs pères et leurs mosquées, une insurrection nationale viendrait peut-être enflammer les deux rives du Bosphore, et peut-être retrouveriez-vous un peuple au milieu des ruines sous lesquelles on voudrait l’ensevelir. »

Après le discours de M. Villemain, la dicussion se précipita. Sans exposer des vues particulières et nettement définies, M. de Tocqueville demandait que la France montât sur la scène imposante qui venait de s’ouvrir, dans une attitude digne et forte, de manière à prouver que, sous sa monarchie de date récente, elle n’avait point perdu le goût des grandes affaires. M. Berryer s’étonnait qu’on ne sût prendre tout-à-fait parti ni pour le sultan ni pour le pacha. Spécialement préoccupé de l’imminence d’une intervention russe à Constantinople, M. Odilon Barrot adjurait le gouvernement de prévenir le danger par la suite de ses efforts et la fermeté de sa contenance. Enfin, M. Guizot résumait en ces termes la politique du statu quo en l’adoptant : « Maintenir l’empire ottoman pour le maintien de l’équilibre européen ; et, quand par la force des choses, par la marche naturelle des faits, quelque démembrement s’opère, quelque province se détache, favoriser la conversion de cette province en État indépendant, qui prenne place dans la coalition des États, et serve un jour, sous sa