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le chemin des richesses. Valait-il mieux la replonger dans le chaos que la laisser à un homme, musulman après tout, et qui, son ambition satisfaite, cesserait d’être le rival des sultans pour devenir leur soutien ?

Entre la France et l’Angleterre, tel était le débat. Et il en résultait d’une manière bien manifeste qu’elles avaient tort toutes les deux en faisant dépendre l’intégrité de l’empire ottoman l’une du maintien de Méhémet en Syrie ; l’autre de la restitution de la Syrie au sultan. Car, pour l’empire ottoman, la Syrie donnée au vice-roi était un danger et la Syrie donnée au sultan un embarras.

Ainsi, de quelque manière qu’on l’entendît, cette intégrité dont on parlait tant ne pouvait être qu’une chimère ou un leurre. Ce n’était point par elle qu’il y avait moyen de protéger Constantinople contre les Russes. Le vrai, l’unique moyen de garantir sérieusement le Bosphore, l’Angleterre l’avait entrevu lorsqu’elle avait proposé à la France de couvrir directement Constantinople de l’alliance maritime et armée des deux peuples[1].

Si les ministres du 12 mai eussent accédé à cette proposition, en demandant à l’Angleterre, pour prix de leur appui, qu’on permit au sultan et au vice-roi de régler entre eux leurs différents, la par-

  1. Le gouvernement anglais a fait publier sous ce titre : Correspondence relative to the affairs of the Levant, le recueil des dépêches diplomatiques auxquelles la question d’Orient a donné lieu.

    Pour avoir la preuve de la proposition faite par l’Angleterre et refusée par le gouvernement français, on n’a qu’à chercher dans le recueil que nous indiquons une dépêche de lord Palmerston en date du 19 juin, et deux dépêches de lord Granville en date des 24 et 28 juin.