Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 5.djvu/488

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anglo-française était pour l’empereur de Russie un bonheur inespéré ; à la saisir l’avantage était immense : M. de Brunnow fut envoyé à Londres, où il arriva le 15 septembre (1839).

Les propositions de M. de Brunnow portaient que, se rendant aux vues de l’Angleterre, la Russie s’engagerait à les seconder ; mais que, dans le cas où Ibrahim marcherait en avant, ce serait à la Russie de protéger le sultan menacé, tandis que les flottes alliées agiraient sur les côtes d’Égypte et de Syrie. C’était dire à lord Palmerston : « Livrez-nous Constantinople, et nous vous livrons Alexandrie. » Quelque monstrueux que fût le marché, lord Palmerston y acquiesça. Mais les ministres français, prévenus, protestèrent énergiquement contre une aussi scandaleuse consécration du traité d’Unkiar-Skélessi. « Jamais, écrivirent-ils, jamais de notre aveu une escadre de guerre étrangère ne paraîtra devant Constantinople sans que la nôtre ne s’y montre aussitôt[1]. » De leur côté, les collègues de lord Palmerston, moins emportés que lui, refusèrent de se laisser entraîner. Le Cabinet britannique demanda en conséquence, et par voie d’amendement, que, si la marche d’Ibrahim amenait les vaisseaux Russes dans le Bosphore, quelques vaisseaux alliés pussent entrer dans les Dardanelles. M. de Brunnow accepta l’amendement ad referendum et reprit la route de St-Pétersbourg pour y chercher une réponse définitive.

Ce fut alors seulement que les ministres du 12

  1. Dépêche du maréchal Soult au général Sébastiani, 26 septembre 1839.