Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 5.djvu/508

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générosité de ses passions elle dut, malgré ses fautes et ses excès, de dépasser les calculs de Richelieu. Elle porta impunément son drapeau dans la région des tempêtes ; et, en fin de compte, elle est morte debout.

Quant à l’ordre social, voulu et maintenu par la bourgeoisie, il a été marqué par un complet abandon du pauvre. « Chacun pour soi, chacun chez soi » ont dit les chefs : hideuse et lâche maxime qui contient toutes les oppressions jusqu’à ce qu’elle enfante tous les désordres ! L’erreur de la bourgeoisie a été de croire que, là où il n’y a pas égalité dans les moyens de développement, la liberté suffit au progrès et à la justice. Mais qu’importe le droit de s’enrichir accordé à tous, quand les instruments de travail et le crédit n’appartiennent qu’à quelques-uns ? Qu’importe le droit au bonheur, sans la possibilité d’y atteindre ? Qu’importe une route spacieuse et unie devant l’infortuné qui ne se peut mouvoir ? La véritable liberté consiste, non pas dans le droit, mais dans le pouvoir donné à chacun de développer ses facultés. La liberté n’est donc qu’un leurre, que l’hypocrisie du despotisme, partout où la possession des instruments de travail constitue un monopole partout où la dispensation du crédit vient des particuliers, qui ne prêtent qu’aux riches, au lieu de venir de l’État, qui prêterait aux pauvres ; partout où la concurrence livre le petit capitaliste en proie au capitaliste opulent ; partout où les transactions industrielles ont lieu entre la richesse et la faim ; partout où la vie de citoyens dépend, non de leur bonne conduite et de leur prévoyance, mais