Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 5.djvu/514

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d’apparente langueur, il s’est trouvé qu’elle avait réparé son sang. Oui, la France est faite pour vivre plusieurs vies. Elle porte en elle de quoi étonner les hommes sous des aspects différents et imprévus. Jamais peuple eut-il, suivant l’expression de Montaigne parlant d’Alexandre, une beauté illustre par tant de visages ? La France n’a-t-elle pas suffi aux rôles les plus divers comme les plus éclatants ? N’a-t-elle pas été successivement la Révolution et l’Empire ?

Pourquoi nous découragerions-nous ? Le mal vient d’une erreur qu’il est si facile de réparer ! Comment croire que la bourgeoisie s’obstinera dans son aveuglement ? Tutrice naturelle du peuple, estil possible qu’elle persiste à se défier de lui comme d’un ennemi ? Ceux qui l’y excitent la trompent et se préparent à l’asservir ; à force de lui faire peur des hommes du peuple, on lui a ôté la conscience de ses véritables dangers. Ils sont moins à ses pieds que sur sa tête et autour d’elle. Qu’elle y songe !

Si la bourgeoisie est noblement inspirée, elle peut tout pour la régénération de ce pays. Captive dans ses monopoles, vouée aux passions mesquines auxquelles l’égoïsme de son principe la condamne, elle perdrait la France et se. perdrait elle-même, n’ayant que la moindre partie des qualités que la grande politique exige. Il faut donc qu’au lieu de se tenir séparée du peuple, elle s’unisse à lui d’une manière indissoluble en prenant l’initiative d’un système qui ferait passer l’industrie du régime de la concurrence à celui de l’association, qui généralise-