Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 5.djvu/63

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pela, dans le National, que, même chez les sauvages du lac Erié, on ne se croit pas le droit d’insulter celui qui va mourir ; et il opposa aux véhémentes affirmations de M. Martin (du Nord) sur la bassesse que suppose la pensée du régicide, ces paroles de M. Thiers, devenu depuis ministre :

« Des républicains qui croyaient voir un nouveau César pouvaient s’armer du fer de Brutus sans être des assassins. Il y a une grande faiblesse à les en justifier[1]. »

La discussion s’animant et se généralisant, les écrivains du Château appelèrent l’assassinat politique une conception républicaine. Armand Carrel répondit : « Il y a eu, depuis cinquante ans, bien des rois, bien des princes assassinés. Comptons, et nous verrons par quelles idées ont été aiguisés les poignards ou chargées les armes régicides. Gustave III, roi de Suède, a été assassiné par l’aristocratie suédoise. Paul Ier a été égorgé, comme un bœuf à l’abattoir, par sa propre famille, parce qu’il avait traité avec le premier consul et menaçait de s’unir à lui pour défendre la liberté des mers contre l’aristocratie britannique. Sultan Sélim a été mis en pièces par ses soldats, à la voix des émissaires de l’Angleterre et de la Russie, parce qu’il était l’ami de la France. Murat, l’admirable Murat, reconnu roi par l’Europe entière, a été fusillé comme le dernier des voleurs de grand chemin par la misérable dynastie qui règne à Naples. Napoléon, souverain de la France, aussi

  1. Voir l’Histoire de la Révolution française, par M. Thiers,- récit du 18 brumaire.