Page:Bloy - La Résurrection de Villiers de l’Isle-Adam, Blaizot, 1906.djvu/41

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de la rosée, je marche, seul, sous les voûtes des noires allées, comme l’Aïeul marchait sous les cryptes de l’étincelant obituaire ! D’instinct, aussi, j’évite, je ne sais pourquoi, les néfastes lueurs de la lune et les malfaisantes approches humaines. Oui, je les évite, quand je marche ainsi avec mes rêves !… Car je sens, alors, que je porte dans mon âme le reflet des richesses stériles d’un grand nombre de rois oubliés. »

Quand le pauvre et cher poète pensait à cela, il n’y avait pas sur la terre un homme aussi désarmé. Il se couchait, il se vautrait dans les délices de son espoir ; il aurait signé le rachat à courte échéance de l’île de Rhodes et de tous les royaumes ou principautés du Levant ; il aurait souscrit l’arrêt de mort d’une centaine de millions de musulmans et la mainlevée du Paradis ! Ce trésor était en lui à des profondeurs qu’il ne savait pas lui-même.

« La maîtresse faculté de l’Artiste », ai-je écrit un jour, songeant à Villiers, l’Imagi-