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françois coppée

de contemporains. Songez que j’ai lu La Bonne Souffrance en Danemark, il y a cinq ans, chez un professeur qui avait conçu l’ambition bien jutlandaise de surprendre ainsi le secret de notre plus beau langage.

Même succès dans tous les pays du monde. La Bonne Souffrance est lue sous la tente mongole, dans le gourbi vermineux des Touareg, dans les bateaux-fleurs du Céleste Empire, au fond de la yourte souterraine des Kamtchadales. Quel livre eut jamais un succès plus étourdissant ? Je l’ai vu, moi qui vous parle, à l’étalage des merceries ou lampisteries, dans les quartiers pieux, et sous la vitrine des vendeurs d’ornements d’église, entre des chasubles et des candélabres. Enfin, je l’ai trouvé, ô miracle ! chez des prêtres et jusque parmi ceux-là qui ont fait vœu de ne rien lire avant la consommation des siècles…

Triomphe étonnant, mais si explicable ! Le monde catholique avait besoin d’un poète gâteux. L’idiotie humaine, longtemps méprisée, criait