Page:Bloy - Les Dernières Colonnes de l’Église, Mercure de France, 1903.djvu/215

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
209
le dernier poète catholique

C’est y moi ou ben la voisine ?

Et à présent qu’te v’là ici
Comme un chien crevé… eune ordure,
Comme un fumier… eun’ pourriture,
Sans un brin d’fleurs, sans eun’ couronne
N’avec la crèm’ des criminels…
 
Qui c’est qui, malgré tout, vient t’voir ?
Qui qui t’esscuse et qui t’pardonne ?
Qui c’est qu’en est la pus punie ?

C’est ta Vieille… toujours… ta fidèle,
Ta pauv’ vieill’ loqu’ de Vieille, vois-tu !

. . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Oh ! Louis… tiens-toi sage,

Sois mignon… j’arr’ viendrai bentôt…
Seul’ment… fais dodo… fais dodo,
Comme aut’fois dans ton petit lit…
Tu sais ben… ton petit lit-cage…

Chut !… c’est rien qu’ça… pleur’ pas… j’te dis
Fais dodo va… sois sage… sage,
Mon pauv’ tout nu… mon malheureux,
Mon petiot… mon petit petiot.

Cette mère ne sait pas s’il y a un Dieu, mais elle sait qu’il y a un Jésus qui est son douloureux fils effroyablement égorgé pour les crimes de tout un monde, exactement comme l’Autre