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le révérend père judas

l’Adoration, et tout ce récit biblique a l’air de se dérouler ainsi qu’une trame de rayons vivants.

Sur le point de partir, ces visiteurs pleins de prophéties déclarèrent à leur hôte qu’ils reviendraient un certain jour, accompagnés de la Vie, et les siècles ont coulé sous l’arche de cette promesse colossale.

Aujourd’hui, le Père de la multitude est devenu infiniment vieux. Il n’est plus assis, comme autrefois, sous les ombrages de Mambré et il ne se met point en peine d’accueillir honorablement les voyageurs. Il vend des lorgnettes et tarife la semence humaine.

L’universelle Église l’a supplanté depuis longtemps, quant au sens divin, et c’est Elle seule désormais qui pourrait héberger les trois Co-Égaux de la Substance.

Mais, hélas ! qu’ils sont devenus eux-mêmes décrépits et lamentables, à force de courir le monde !

Les adolescents glorieux d’il y a quarante siècles sont maintenant les Trois Pauvres, les