Page:Botrel - Contes du lit-clos, 1912.djvu/143

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La vieille, tristement, se signe
Et dit en tombant à genoux :
« Ma fille, c’est un Intersigne,
« Prions !… un malheur est sur nous ! »


La prière était sur leurs lèvres
Quand on leur dit que Yann-Yvon
Était mort des mauvaises fièvres
Au grand hôpital de Toulon…

Et la nuit même, à l’heure même
Où venait le prendre l’Ankou,
Près du lit de celle qu’il aime
Il se transportait tout à coup :

Songeant sans doute à la promesse
Qu’il eut l’audace d’exiger,
Il prit pitié de sa jeunesse
Et s’en vint pour l’en dégager ;

Son âme, en son muet langage,
Lui disait : « Adieu… pour jamais !
« Voyez ! je vous reprends mon gage :
« Oubliez-moi… je le permets !… »




Cette poésie est éditée séparément. — G. Ondet, éditeur