Page:Botrel - Contes du lit-clos, 1912.djvu/52

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Et si j’osais, plus fou que tendre,
Hurler ce que je dis tout bas,
Le monde entier pourrait m’entendre…
Que ma « Douce » n’entendrait pas !

Nul sorcier — ma vie en offrande —
Pourrait m’approcher à ce point
Moi, si petit, d’Elle, si grande,
Si loin de moi… si loin… si loin !!!

Laissez-moi, je vous en supplie !…
Ou plutôt, non ! écoutez-moi :
Vous respecterez ma folie
Quand vous en saurez le pourquoi !…


Vous connaissez la Châtelaine
Dont j’étais le frère de lait ;
C’est « Mademoiselle Germaine »
Qu’autrefois chacun l’appelait.

Ce fut ma sœur et mon amie :
Ensemble nous courions les bois
Et je l’ai tenue endormie
Tout contre mon cœur, bien des fois.

Les doux Printemps, les frais Automnes
Passaient, rapides, sur nous deux…
Et je lui tressais des couronnes
Pour en parer ses blonds cheveux ;