Page:Bouche - De la médecine dosimétrique.djvu/17

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de causes d’erreur n’existe-t-il pas encore ? En effet, ne savons-nous pas que les propriétés d’une même plante varient du zéro au summum d’intensité selon qu’elle est cultivée ou à l’état sauvage, selon le climat, la latitude, l’exposition et la nature du terrain où elle vient ? Les ombellifères vénéneuses sont bien plus actives lorsqu’elles croissent dans les bas-fonds humides et ombragés que lorsqu’elles vivent dans les terrains secs et élevés. Et, selon la latitude, ne voyons-nous pas que la ciguë cueillie en Grèce put servir de poison à Socrate, tandis que les Russes et les Sibériens en usent comme condiment et la mangent en salade ? La digitale, si active à l’état sauvage, devient presque inoffensive quand elle est cultivée !

Il est encore une foule de causes qui ne sont pas à dédaigner, telles que la période de végétation, la température de l’année, les soins apportés à la récolte et la conservation des parties végétales, etc. Prenant en considération toutes ces causes d’ignorance et d’erreur, on voit combien la thérapeutique est loin de cette exactitude que cherche en vain le praticien ; celui-ci, en maintes circonstances, sera à se reprocher une erreur dans la quantité des substances employées ou bien en accusera le pharmacien quand la dose n’aura pas produit l’effet voulu, tandis que la faute sera seule au médicament moins actif qu’à l’ordinaire.

C’est cette incertitude dans l’effet du médicament qui fait qu’il y a beaucoup de médecins expectants, c’est-à-dire qui laissent agir la nature et cherchent seulement à maintenir le malade en dehors des causes morbides. D’autres ne croient pas à la thérapeutique, et si dans tel cas, ils emploient telle substance, c’est plutôt pour paraître faire quelque chose et légitimer ainsi leur pré-