Page:Bouche - De la médecine dosimétrique.djvu/36

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fourbure. On lui a posé à ce sujet une objection, et on lui a dit : « Mais en administrant des nervins, vous agissez sur tout le système nerveux, au moins sur tout le système sympathique, par conséquent, si vous obtenez une constriction dans la région enflammée vous en obtenez aussi une pareille dans tous les capillaires de l’économie et vous n’avez qu’un balancement d’effet, donc l’état des choses restera le même, si toutefois il n’est pas aggravé. »

Mais, M. Bouley aurait pu répondre et a sans doute répondu, que ceux qui ont fait cette objection ne connaissaient pas l’affinité particulière qu’ont les nervins, et en particulier la strychnine, pour les parties malades du système nerveux de façon à localiser presque exclusivement leurs effets sur les parties qui manquent d’influx nerveux. M. Cl. Bernard l’a posé catégoriquement en principe, et l’expérience clinique le démontre tous les jours. On voit, en effet, une dose de sulfate de strychnine qui ne produirait rien sur le sujet sain, administrée au même sujet atteint de paralysie, on le voit souvent, dis-je, sous l’effet de cette dose, reprendre tout-à-fait ou en partie l’usage de ses organes.

C’est en se basant sur ce principe que M. Burggraeve fait toujours précéder ou tout au moins coïncider les nervins à la saignée. Lorsqu’on fait une évacuation sanguine dans le cas de congestion, on diminue la tension dans l’arbre circulaire, mais on ne dégorge pas l’organe congestionné si les capillaires n’ont pas le ton nécessaire pour revenir sur eux-mêmes ; ils sont béants et dilatés, et ne resterait-il que peu de sang, il s’engouffrerait dans cette région par l’effet de la contraction des autres vaisseaux de l’économie qui, eux, jouissent de leur synergie et n’ont pas perdu leur tonicité par excès de dilatation.