Page:Bouglé - Essais sur le régime des castes.djvu/162

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
142
LES EFFETS

pire – leur indice nasal n’est pas sensiblement plus bas. Sur une liste où les sujets sont rangés par ordre de largeur nasale croissante, si les Brahmanes occupent le second rang (indice nasal, 59) après les Jâts (55), les Dhânuks, gens de caste indubitablement dravidienne, les suivent de très près (61) ; tandis que les Radjpoutes (64) se laissent honteusement dépasser par les Banyas (63) qui ne sont que des commerçants, et les Gûjars (62) qui ne sont que des laboureurs. D’autres mesures ne sont pas plus flatteuses pour l’orgueil des hautes castes : sur une liste où les sujets sont rangés dans l’ordre des angles faciaux décroissants, les Brahmanes et les Radjpoutes n’arrivent qu’au sixième rang avec la même moyenne que les Chamars (65), à cinq degrés au-dessous des Maujhis (70). Si l’on ajoute que sur d’autres listes de moyennes, les Kshatriyas et les Khatris, qui prétendent également descendre de la race guerrière, se trouvent les uns au haut, les autres au bas de l’échelle, séparés par des laboureurs, des danseurs, des marchands de liqueurs aussi bien que par des prêtres, et qu’enfin, quelques mesures qu’on ait prises, toutes les listes de moyennes constituées ont présenté les mêmes désordres, on comprendra que la confusion est complète : les renseignements du Nord-Ouest contredisent les renseignements de l’Est.


Ceux-ci ont-ils, d’ailleurs, en dernière analyse, toute la netteté que M. Risley leur suppose ? Que l’on examine d’abord sa fameuse table des indices nasaux, on s’étonnera que les Kayasths, qui seraient, suivant la théorie brahmanique, de race Çûdra, y prennent rang avant les Brahmanes, et surtout que les Tchândâlas, caste impure, y soient placés avant les Rajbansis, de sang royal. L’étude des mesures individuelles apporterait d’ailleurs d’autres surprises. Elle révélerait que nombre de Brahmanes tendent, plus que les Goalas ou les Chamars, vers un profil de nègre.