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ESSENCE ET RÉALITÉ DU RÉGIME DES CASTES

« s’abstenir de certaines professions qui lui sont étrangères, se préserver de toute alliance en dehors de la caste, continuer la profession qu’on a reçue de ses pères. »

À la répartition héréditaire des métiers, on ajoute souvent, pour définir le régime des castes, l’inégalité des droits. Le régime des castes, d’après James Mill[1], c’est « la classification et la distribution des membres d’une communauté en un certain nombre de classes ou d’ordres pour l’accomplissement de certaines fonctions, les uns devant jouir de certains privilèges, et les autres supporter certaines charges ». « Trois éléments constituent la caste, dit Burnouf[2] ; le partage des fonctions entre les hommes, leur transmission héréditaire et la hiérarchie. »

D’autres définitions posent comme essentiel au régime des castes cet esprit de division que nous notions en troisième lieu. « La caste, d’après Senart[3], est un organisme de sa nature circonscrit et séparatiste. La classe et la caste ne se correspondent ni par l’étendue, ni par les caractères, ni par les tendances natives. Chacune, parmi les castes mêmes qui se rattachent à une seule classe, est nettement distinguée de ses congénères ; elle s’en isole avec une âpreté que ne désarme aucun souci d’une unité supérieure. La classe sert des ambitions politiques ; la caste obéit à des scrupules étroits, à des coutumes traditionnelles, tout au plus à certaines influences locales, qui n’ont d’ordinaire aucun rapport avec les intérêts de classe. Avant tout, la caste s’attache à sauvegarder une intégrité dont la préoccupation se montre ombrageuse jusque chez les plus humbles. » « Au point de vue social et politique, lit-on dans un rapport anglais[4], la caste c’est la division,

  1. Voir le Supplément de l’Encyclopédie britannique, art. « Caste ».
  2. Essai sur le Véda, ou Étude sur les religions, la littérature et la constitution sociale de l’Inde, Paris, Dezobry, 1863, p. 218.
  3. Op. cit., pp. 158, 180.
  4. Cité Par Schlagintweit, Zeitschrift der Deutschen morgenländischen Gesellschaft, Bd. XXXIII, p. 587. Sherring insiste sur ce même trait, Hindu Tribes and Castes, Calcutta, 1879, III, pp. 218, 235.