Page:Bouilhet - Dernières chansons.djvu/70

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Ta lèvre en doux mots abonde
Et tu riras de mes fers,
Juliette, dans ce monde,
Astarté, dans les enfers !
Oui, ― je le sens, dans mon âme ―
Satan pour sœur te réclame
Aux rivages embrasés ;
Car ton regard est de flamme,
Et brûlants sont tes baisers !

Calmes dans leur allégresse,
Jamais les élus aux cieux
N’ont bu cette ardente ivresse
Qui pétille dans tes yeux ;
Pour eux jamais, ô ma belle,
Tant d’amour ne chargea l’aile
Du timide séraphin,
Et l’éternelle ambroisie
Contient moins de poésie
Qu’une goutte de ton vin !

Démon ! Démon ! Que m’importe
Que par une dure loi
Le ciel me ferme sa porte