Page:Bourdel, Charles - La science et la philosophie.djvu/10

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

n’existe plus seulement comme un ensemble de vérités plus ou moins bien reliées les unes aux autres, mais comme un mode de savoir défini dont l’unité se retrouve à travers les recherches en apparence les plus divergentes, et leur donne à toutes, sous les dehors de la plus grande diversité, une physionomie commune par où se révèle leur parenté fondamentale. Or c’est ue loi que le premier acte d’un être qui arrive à se connaître lui-même est, non seulement de se distinguer des autres êtres, mais encore de s’opposer à eux, et même de se poser lui-même comme le seul être vraiment réel, tantôt en rapportant à lui les autres existences et en les absorbant, tantôt en les niant purement et simplement. La science n’a pas échappé à cette loi. Du jour où elle a pris conscience d’elle-même, où elle s’est conçue elle-même comme un mode de savoir défini et distinct, elle a voulu tout d’abord être prédominante et se subordonner toutes les autres disciplines, puis elle a prétendu avoir seule le droit de vivre, et a voulu exclure des préoccupations de l’esprit humain tout autre problème que le problème scientifique. De là le conflit qui s’est élevé de nos jours entre la science et la philosophie, de là la prétention élevée au nom de la science de nier