Page:Bourdel, Charles - La science et la philosophie.djvu/21

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core aujourd’hui nous nous contentons souvent de réponses analogues, et que la science moderne n’est pas encore complètement débarrassée de semblables conceptions; avant deux cents ans, sans doute, nos fluides électriques, notre influx nerveux obtiendront auprès de nos descendants le même succès de ridicule. L’explication des effets naturels par des propriétés, par des vertus, par des essences situées dans les corps a régné pendant tout le moyen âge; elle a suffi pendant longtemps aux plus grands esprits; elle a été pendant des siècles le type même d’une interprétation intelligible des choses, et celui qui en a le premier dénoncé avec force l’insuffisance, Bacon, n’a pu entièrement s’en affranchir. Or, en quoi cette interprétation diffère-t-elle de la précédente? Elle en diffère essentiellement en ce que les causes des phénomènes ne sont plus des êtres animés, des volontés, des personnes, mais des forces aveugles, sourdes et brutes. Au lieu de ce monde vivant et plein de dieux des mythologies antiques, nous avons un monde de puissances mystérieuses, indifférentes au bien comme au mal de l’homme, redoutables parce qu’elles sont inconnues en elles-mêmes et ne se révèlent que par leurs effets. De telle manière qu’on peut se