Page:Bourdel, Charles - La science et la philosophie.djvu/26

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soi, elle posait autant de questions qu’elle prétendait en résoudre. D’autre part, en situant ces causes dans un monde inaccessible en quelque sorte et en dehors des réalités sensibles, elle ne donnait aucun fondement solide comme appui à une action effective de l’homme sur les choses. Et ainsi la science du moyen âge se trouvait avoir posé un problème qu’elle ne pouvait résoudre. Ce qu’il y a de chimérique dans l’alchimie c’est beaucoup moins son programme, qui est encore celui de la science moderne, que la méthode par laquelle elle croyait pouvoir le réaliser.

Nous avons passé en revue jusqu’à présent deux modes d’explication : le premier, le mode théologique, consiste à se représenter les causes des phénomènes naturels comme des personnes, comme des dieux; le second consiste à imaginer ces causes comme des êtres impersonnels, d’ailleurs indépendants les uns des autres et agissant à la façon de principes absolus, et situés en dehors de la série des phénomènes, dans un monde d’abstractions : ces causes en effet ne sont en réalité que des abstractions réalisées, et ce mode d’explication est le mode métaphysique, la caractéristique de l’esprit métaphysique étant en effet de chercher des principes d’explication absolus