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II



Je vous disais au temps où nous allions ensemble
Voir le soleil d’été se coucher sur les flots :
— « Lorsque vous souriez, votre tête ressemble
Aux têtes que Vinci peignait dans ses tableaux.

« Ce grand sorcier laissait aux lèvres de ses femmes
Voltiger ce souris cruel et gracieux,
Long souris qui dévoile et qui cache leurs âmes,
Et raille tristement la douceur de leurs yeux. »

Tel je parlais. Ces temps sont loin, tête chérie, —
— Et comme un enfant cueille et jette de côté
Une branche encor tout embaumée et fleurie.
J’ai désappris l’amour de ma pure Beauté.


III



Hier, en respirant l’odeur des violettes
Qu’une petite fille exposait en plein vent.
Je me suis rappelé vos anciennes toilettes,
— Et ce parfum m’entra dans le cœur trop avant.