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I

DEUX SAINTES


Tous les hommes habitués à sentir avec leur imagination connaissent bien la sorte de mélancolie, sans analogue, qu’inflige une trop complète ressemblance entre une mère et sa fille, lorsque cette mère a cinquante ans, que cette fille en a vingt-cinq, et que l’une se trouve ainsi présenter le spectre anticipé de la vieillesse de l’autre. Qu’elle est féconde en amertumes pour un amoureux, cette vision de l’inévitable flétrissure réservée à la beauté qu’il chérit ! Au regard d’un observateur désintéressé, de telles ressemblances abondent en réflexions singulièrement suggestives. Il est rare, en effet, que l’analogie des traits entre les deux visages aille jusqu’à l’identité ; plus rare encore que l’expression en soit tout à fait pareille. D’une génération à l’autre, il y a eu comme une marche en avant du tempérament commun. La qualité dominante de la physionomie est devenue plus dominante, — symbole