Page:Bourget - Cruelle Énigme, Plon-Nourrit.djvu/31

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

son pupitre dressé, si la fantaisie prenait au jeune : homme d’écrire debout, comme une chaise longue attendait ses paresses. Un piano droit était posé dans l’angle, et tout au fond de la pièce régnait une bibliothèque longue et basse. Le choix particulier des livres qui garnissaient les tablettes de ce dernier meuble traduisait, mieux encore que les autres détails, si spéciaux et significatifs fussent-ils, la sollicitude craintive avec laquelle Mme Castel et Mme Liauran avaient tout disposé pour demeurer maîtresses de leur fils, pendant ces difficiles années qui vont de la vingtième à la trentième. Comme elles avaient toutes les deux, en leur qualité de veuves de soldats, conservé le culte de la vie d’action, en même temps que leur excessive tendresse pour Hubert les rendait incapables de supporter qu’il l’affrontât, elles avaient trouvé un compromis de leur conscience dans le rêve, formé pour lui, d’une existence d’études spéciales. Elles caressaient naïvement le désir qu’il entreprît un long travail d’histoire militaire, comme un des Trans du dix-huitième siècle en a laissé un sur les campagnes du maréchal de Saxe. N’était-ce pas le plus sur moyen qu’il restât beaucoup chez lui, — et beaucoup chez elles ? Aussi avaient-elles, grâce aux conseils de Scilly, réuni une bonne collection de livres