Page:Bourget - Les Aveux, 1882.djvu/29

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Paysage sentimental


Le ciel d’hiver, si doux, si triste, si dormant, Où le soleil errait parmi des vapeurs blanches, Était pareil au doux, au profond sentiment Qui nous rendait heureux mélancoliquement, Par cette après-midi de baisers sous les branches.

Branches mortes qu’aucun souffle ne remuait, Branches noires avec quelque feuille fanée, Ah ! que ta bouche s’est à ma bouche donnée Plus tendrement encor dans ce grand bois muet. Et dans cette langueur de la mort de l’année !

La mort de Tout, sinon de Toi que j’aime tant, Et sinon du bonheur dont mon Ame est comblée, Bonheur qui dort au fond de cette Ame isolée, Mystérieux, paisible et frais comme l’étang Que nous vîmes au fond de la pâle vallée. . .