Page:Bourotte - Le Devoir, 1867.djvu/7

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Le présent glisse et croule sous nos pas…
Et l’avenir aux solitudes mornes
Garde pour nous les tristesses sans bornes
Des voyageurs qui n’arriveront pas !…


Que reste-t-il en ce naufrage immense ?
Est-il un astre encor dans ce ciel noir ?…
Oui : Dieu l’allume ! Il a pour nom : Devoir !
Et, par la main, ramène l’espérance.


Au premier jour de notre essor humain
Dieu même en nous l’écrivant de sa main,
La conscience alors servit de table.
Nous pouvons bien en altérer le sens ;
Nous pouvons bien lui ravir notre encens ;
Mais sous l’outrage il reste ineffaçable.
C’est le secret de nos destins divers ;
C’est le grand mot de la grande synthèse ;
La sphère unique où l’âme soit à l’aise
Ainsi qu’un lis à l’abri des hivers.


Dans la lumière il faut que l’aigle vole.
Du creux torrent, doit courir l’onde folle.
Et Dieu créa l’homme pour le Devoir :
Eh bien ! en lui, cohortes déclassées,
Âmes en deuil par la lutte lassées,
Allez, allez, retremper votre espoir !