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la terreur en macédoine

« Oh ! mes pressentiments ! j’étais trop heureuse…

« Que le Dieu tout-puissant nous prenne en pitié et nous protège…

« C’est Marko !… Marko le Brigand !

— Pour vous servir, ma belle enfant !… » répond une voix, railleuse, vibrante, aux éclats de cymbale.

De tous côtés, les danseurs et les danseuses se répandent à travers l’immense cour.. Il en est qui cherchent à s’enfuir, sans savoir où, fous de terreur…

Ce nom terrible qu’accompagne une réputation effroyable a littéralement stupéfié ces malheureux. Yeux éteints, faces pâles, bouches contractées, mains tremblantes, jambes qui se dérobent… ces gens naguère si joyeux semblent des condamnés attendant le coup de la mort.

La voix aux vibrations de cymbale reprend, avec une ironie cinglante :

« Eh bien ! oui… c’est moi, votre excellent ami… votre cher voisin Marko… avec ses douze apôtres !…

« Quoi donc !… notre arrivée vous surprend… vous interloque… vous alarme !…

« Par le diable, mon patron ! nous ne sommes pas des trouble-fête… bien que tu aies oublié de nous inviter, mon vieux Grégorio…

— Seigneur Marko…

— C’est très mal, cela !…

— Seigneur…

— Nous sommes pourtant de joyeux compagnons aimant à nous amuser….

— C’est une petite fête de famille, reprend avec effort Grégorio plus épouvanté que jamais.

— Ah çà ! paysan, est-ce que je ne suis pas d’assez