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la terreur en macédoine

Bientôt les valis se signalent de tous côtés par les violences exercées sur les giaours, ces infidèles qui ne subsistent que par la tolérance vraiment inexplicable du sultan.

C’est ainsi que, en exploitant cette peur maladive du triste monarque, l’idée du massacre, de l’extermination des chrétiens germe, grandit, s’impose et s’exécute.

Enfin, l’ordre abominable est expédié par télégraphe dans les vilayets.

L’aide de camp de Marko, qui n’est autre que son porte-bannière Ali, son âme damnée, lui en apporte la nouvelle authentique.

« Nous allons donc nous amuser ! s’écrie le bey avec une explosion de joie hideuse.

« Les sopas — bâtons — sont prêts ?

— Oui ! Les magasins du génie en ont fourni cinq cents.

— Solides ?… ferrés aux deux bouts ?…

— En bois de frêne… de vraies massues… un seul coup tuerait un bœuf.

— Bien ! Il faut me trouver dans les vingt-quatre heures une centaine de gredins déterminés à tout, pour en faire des assommeurs.

— C’est facile ! Mais pourquoi prendre des civils au lieu d’employer des soldats ?… pourquoi le bâton de préférence au fusil ?

— D’abord, parce, que des civils peuvent être désavoués, et au besoin pris et fusillés… après les massacres.

« C’est très important à cause des autres nations européennes qui viennent mettre, à tout moment leur nez dans nos affaires et nous menacent d’intervenir pour protéger ces chrétiens maudits.