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la terreur en macédoine

« Oh ! je retourne ! » s’écrie Michel en rechargeant son revolver.

De nouveau il met le pied sur l’échelle. Spontanément, sans ordre, ses compagnons sautent sur le rempart et déchargent leurs fusils sur les têtes et les épaules qui émergent.

L’effet est foudroyant. Les balles arrivent en trombe, font voler les éclats de pierres, fracassent les os, broient les chairs.

« Allons ! la place est déblayée… Courage, Michel ! »

Superbe, intrépide, le brave garçon marche… marche… Une balle tirée d’en bas écorche avec un bruit sec un des montants.

Il raille et dit :

« Pas de bêtises !… il faut que je revienne… »

La femme l’aperçoit à travers le brouillard qui voile ses yeux. Elle défaille… va tomber. Michel l’enlève comme tout à l’heure l’enfant. L’échelle, entamée par la balle, plie, craque, menace de s’effondrer. De tous côtés les coups de feu retentissent ; Michel s’arrête un instant, fléchit comme s’il allait tomber. Un cri de terreur échappe à ses amis qui le regardent, angoissés.

Il pâlit et murmure avec effort :

« Ça ne sera rien… je crois…

— Michel !… mon ami… es-tu blessé ?… »

Il met le pied sur le mur et chancelle. Panitza et Soliman le reçoivent dans leurs bras, avec la femme qu’il vient d’arracher à la mort.

« Es-tu blessé ? » demande avec insistance Joannès.

Il respire fortement, se tâte et répond :

— Je crois que non… mais quel coup… là… dans le flanc.