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la terreur en macédoine

— Que t’a-t-il dit ?

— Stupéfait de me trouver en vie, il m’a demandé ce que je faisais là.

« Je lui ai répondu que j’étais prisonnier, près d’être massacré, et que je voudrais bien m’enfuir. En bon camarade, il m’a proposé de favoriser mon évasion.

— Et tu as accepté ?

— Naturellement !

— Bravo ! sorti d’ici tu vas pouvoir nous sauver.

— Ah ! mon capitaine, je ferai l’impossible !

— Mais il nous faut au moins six à sept heures !… et nous allons être attaqués de tous côtés, je le sens.

« Ah ! si la nuit n’arrivait pas !… avec du jour, nous tiendrions vingt-quatre heures.

— Du jour ?… ça, c’est mon affaire, et je vais allumer un bec de gaz qui va éclairer, jusqu’à demain et à plus de deux lieues, le pays tout entier.

« Alors, mon capitaine, je m’évade.

— Mais tout de suite !

— Donne-moi la consigne.

— Voici : tu connais le village de Lopat ?

— Parfaitement ! je suis du pays… c’est à deux lieues.

— Tu prends tes jambes à ton cou et tu files à Lopat ?

— J’y serai dans une heure.

— Tu trouveras la deuxième maison à gauche de l’église, et tu frapperas trois coups à l’entrée. On viendra t’ouvrir… homme, femme ou enfant, peu importe, et tu remettras ce mouchoir. »

Joannès tire de sa poche un foulard noué aux quatre coins et au milieu, d’une façon particulière, et ajoute :