Page:Boussenard - La Terreur en Macédoine, Tallandier, 1912.djvu/185

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« On te fera descendre dans une cave après t’avoir bandé les yeux. Là, tu diras où nous sommes, et le danger qui nous menace.

— Et c’est tout ?…

— Oui, c’est tout ! et en faisant cela, mon brave Soliman, tu nous rends, à nous et à la cause, le plus immense des services.

— Tu es mon capitaine ! je t’obéis, par dévouement, par amitié… et puis, en vérité, vous êtes tous de dignes cœurs, et c’est une joie de travailler pour vous !

— Une bonne poignée de main… et merci !

— Je pars ! gardez ma carabine et mon revolver.

« Michel… un coup de main. »

Il déroule sa longue ceinture de laine, la laisse pendre dans le vide, et donne l’autre bout à Michel, en disant :

« Tiens bon ! »

Michel contracte ses muscles puissants. L’ancien gendarme lance le cri des bachi-bouzouks, enjambe le rempart, saisit la ceinture, et, vivement, se laisse glisser à terre.

Dix minutes s’écoulent. Il fait nuit. Chacun sent venir l’attaque et se prépare, en scrutant l’horizon noir.

« Ah ! nuit maudite ! » gronde Joannès.

Brusquement, une lueur apparaît, à quinze mètres de hauteur, rougeâtre et comme clignotante : elle grandit à vue d’œil, s’étend, court, gagne de proche en proche, comme une traînée de poudre.

« L’église !… l’église qui brûle ! »

C’est vrai ! Le monument, jusqu’alors épargné, est déjà en flammes. Sa voûte de bois, peinte en