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la terreur en macédoine

blanc, sa charpente en cèdre, tout cela s’embrase comme de l’étoupe et projette une lueur aveuglante.

« Soliman a tenu parole, s’écrie Michel, et voici le bec de gaz ! »

En même temps, éclatent de tous côtés des cris de fureur. Les brigands comptaient sur les ténèbres pour attaquer sournoisement, sans danger. Maintenant, la surprise manquée soulève une tempête de malédictions.

Loin de décourager Marko, ce contretemps le décide à brusquer l’attaque. Il réunit ces sacripants, et vocifère :

« En avant ! mes braves… de l’or !… vous aurez de l’or !… je vous gorgerai d’or !…

« Allons ! emportez-moi cette bicoque… ce trou à rats… où vous narguent et vous insultent quelques pouilleux de paysans… »

Du côté des patriotes, un silence menaçant. La froide intrépidité de gens décidés à tout. Nikéa saisit les armes de Soliman et prend son poste de combat.

« Et moi ? demande brièvement Hélène, calme et résolue.

— Sais-tu charger un fusil ? répond Nikéa.

— Non ! montre-moi.

— Tiens, regarde ! »

À la lueur des flammes qui se déroulent en volutes immenses, elle fait craquer le levier. Trois temps !… abaisser le levier avec le pouce de la main droite… introduire la cartouche… remettre le levier en place…

« Trois secondes… c’est fait !…

— Je sais !… je sais !…

— Tu nous passeras les fusils tout chargés.

« Tu n’as pas peur ?