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la terreur en macédoine

plaintes funèbres et de râles jaillit de ces décombres.

Hélène regarde avec épouvante les débris de la maison où s’abrita son enfance, où elle vécut heureuse, enveloppée de tendresse et d’amour.

Joannès lui dit doucement :

« C’est affreux et tu pleures ton nid dévasté, n’est-ce pas, mon enfant ?

— Oh ! je ne regrette rien ! s’écrie la jeune fille avec un accent de résolution farouche.

« Et pour ces maudits, vois-tu, frère, cette mort est encore trop douce ! »

Malheureusement ce n’est qu’un répit et si court ! Le danger menace, plus terrible et plus pressant que jamais.

Le nombre des assaillants s’est accru. Le réduit des patriotes est assailli par une foule devenue absolument folle de rage. Aux massacreurs embrigadés par Marko s’est jointe la population musulmane qui peu à peu s’est grisée de carnage.

Civils, zaptiés, sopadjis hurlent, s’agitent, menacent en brandissant des armes, en crachant l’insulte.

« À mort ! les chiens de chrétiens… à mort !… à mort !… »

Chacun s’excite à la lutte qui va précéder le carnage suprême, l’ivresse monstrueuse des supplices !

Pour ces gens qui flairent le sang, il y a non seulement une affaire d’amour-propre, mais surtout l’assouvissement des instincts monstrueux de la férocité musulmane.

Marko court de groupe en groupe et, sous les flammes de l’incendie, attise la fureur de ces énergumènes