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la terreur en macédoine

« S’ils s’entêtent… zzztt ! »

Et d’un geste coupant, il accentue ce sifflement sinistre bien compris du nouveau colonel.

« Entendu, Excellence !

— Il y a un train en gare… fais ajouter ce qu’il faut de voitures et roule, sans arrêt… à toute vapeur… va ! »

Ali sort en faisant sonner ses éperons, pendant que Marko, s’adressant aux autres officiers, ajoute :

« À vous, maintenant !

« Il me faut quatre mille hommes sac au dos… ou le pied à l’étrier, dans une heure !

— La mobilisation, n’est-ce pas, Excellence ? dit un officier.

— … Avec l’état de siège !

« Partez de ce pas alarmer la garnison… un coup de canon !

« Faites convoquer ici, à la minute, les chefs de corps… Allez ! »

Quelques moments après, le coup de canon retentit. Brusquement, une rumeur éclate et se répand à travers la ville comme une rafale. Cavaliers, fantassins, artilleurs courent de tous côtés, rejoignent leurs casernes, s’arment, s’équipent, reçoivent des vivres, se groupent… les voilà prêts.

Pendant ce temps, les chefs de corps sont arrivés au palais. Heureux de cet événement qui promet de larges randonnées, la vie facile du soldat en campagne, un supplément de solde et le pillage, ils attendent. Marko donne ses ordres, avec ce mauvais rire qui rappelle ce rictus familier à son léopard. Et ces ordres font frissonner ces hommes peu susceptibles d’émotion pourtant.