Page:Boussenard - La Terreur en Macédoine, Tallandier, 1912.djvu/222

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
21
la terreur en macédoine

des feux de peloton, les clameurs funèbres des gens égorgés.

Quelques moments encore, et déjà les bandits sont passés, courant à d’autres exterminations ;

Ils ont déjà parcouru plus de quarante kilomètres, et cependant nulle trace de fatigue n’apparaît chez eux. La route, un vrai casse-cou, monte, monte sans relâche, entre des escarpements redoutables qui emprisonnent le lit du Kriva, un torrent qui roule avec fracas.

Des renseignements précis sont fournis dans une ferme isolée en avant de Mousdivitje. Les fugitifs n’ont pas deux heures d’avance. La plupart semblent exténués. Ils ont bu et mangé. Incapables d’avancer, les femmes sont traînées dans une charrette.

« Ils n’atteindront jamais Egri-Palanka ! » s’écrie Marko avec une joie féroce.

On arrive à Mousdivitje. Pour reposer les hommes et faire souffler les chevaux, Marko ordonne l’incendie du village et le massacre des habitants. On a, au préalable, razzié les provisions. Les bandits entassent à la hâte quelques larges bouchées, les chevaux mangent une ration d’avoine saturée de vin, et l’on repart.

Les heures s’écoulent. Le jour va bientôt baisser. Voici enfin Egri-Palanka. La frontière n’est plus qu’a deux lieues et demie. Cinquante-cinq kilomètres ont été parcourus d’une allure fantastique.

Il y a là des coreligionnaires du patriarchiste Simon, ce dernier les connaît. Avec une joie sauvage, ils signalent le passage tout récent des fugitifs.

« On les a vus il y a une demi-heure… ils n’en pouvaient plus !