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la terreur en macédoine

furie… ne serait-il pas prudent de nous rapprocher de la frontière bulgare ?

— Oui ! Là nous serons en sûreté dans notre petite forteresse de Nivia…

« De là, nous pourrons rayonner sur la partie orientale de notre chère Macédoine, pousser quelques pointes audacieuses jusqu’au chemin de fer, inquiéter l’ennemi, le harceler pendant l’hiver qui approche…

— Bien, cela ! Nous avons des provisions, dix mille cartouches… et entre temps nous nous procurerons des produits chimiques pour fabriquer des bombes.

— Eh bien ! en avant, et surtout, du nerf… car je me trompe fort, ou nous aurons avant peu dès nouvelles de ce brigand de Marko. »

Il ne croyait pas si bien dire.

Les voilà donc partis sur cette route montagneuse, défoncée sur les parties planes par les roues des lourds chariots bulgares et semée de pierres croulantes aux montées qui deviennent de plus en plus rapides.

Les escarpements se succèdent. La marche est horriblement fatigante et difficile. Néanmoins on avance, grâce à un effort permanent de volonté.

Prudemment la retraite est coupée de haltes fréquentes. Il faut souffler, reposer les muscles, faire provision de vigueur. Fraternellement, les gens de Mokrès et de Starchin apportent des provisions de bouche. On mange à la hâte, sur le pouce, un morceau et l’on repart.

Les rudes montagnards supportent vaillamment cette course de longue haleine. Mais les deux femmes commencent à courber la tête et à traîner la jambe.

Pas une plainte ! pas un soupir ! une énergie de