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la terreur en macédoine

d’une responsabilité terrible tient quand même éveillé. C’est Joannès.

Tout pâle avec le front, barré d’un pli, le jeune chef appelle Michel à voix basse et lui dit :

« Viens, suis-moi. »

Munis d’une lampe, ils s’acheminent vers le fond d’une des deux grottes, encombrées d’objets disparates ; Il y a là des outres pleines, à l’odeur vineuse, des boîtes de conserves, des boucauts de farine, des jarres d’huile, des armes, des cordages, des haches, du bois et du charbon, des ustensiles de cuisine. Un magasin et un arsenal.

Sans mot dire, Joannès ouvre une caisse, prend un paquet de cartouches, en retire une et d’un coup de dent fait sauter la balle sertie dans la douille de cuivre.

La douille apparaît pleine d’une matière noire, sèche et grenue. Il vide l’étui en laiton dans sa main et murmure :

« On dirait pourtant bien de la poudre.

— Il est facile de s’en assurer », dit Michel.

Joannès goûte quelques-grains du bout de sa langue et ajoute :

« Cela n’a pas la saveur du salpêtre. »

Il en prend une pincée et la jette sur la flamme de la lampe. Au lieu de fuser brusquement avec une fumée blanche, la substance rougit et retombe à peine consumée.

Une seconde, une troisième, une dixième cartouche, toutes prises au hasard, donnent le même résultat…

« Que diable a-t-on fourré dans nos cartouches ! s’écrie Michel interdit.

— Tout simplement de la poudre de charbon au lieu de poudre de guerre.