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la terreur en macédoine

Des cris de désespoir accueillent son retour. Joannès interrompt sa terrible besogne et veut lui prodiguer ses soins.

Le blessé refuse énergiquement.

« Non !… non !… je ne veux pas… plus tard… une minute de perdue serait un désastre… la mort pour tous nos frères. »

Joannès insiste. Les patriotes l’approuvent. Il sait la chirurgie. Michel est grièvement atteint. Ils veulent qu’il soit pansé sur-le-champ…

Il riposte avec fermeté :

« Non !… je refuse… mon bras attendra !

« Je me jetterais plutôt, au fond du précipice ! »

Hélène s’éloigne un moment du bébé qui folâtre au milieu de ces engins d’extermination.

Elle s’approche de Michel, et lui dit en sanglotant :

« Mais, moi, tu ne me repousseras pas ? »

Il répond, souriant, avec un héroïsme joyeux :

« Le chef est chimiste et chirurgien… l’un ne doit pas faire tort à l’autre…

« Mais toi, chère petite sœur aimée, c’est un bonheur de souffrir pour recevoir tes soins et mériter ta douce pitié… »

La main tremblante, l’œil obscurci, elle étanche de son mieux le sang. Puis, épouvantée par l’horreur de ces chairs lacérées, de ces os broyés dont les fragments crépitent, elle murmure :

« Oh ! mon ami si cher… oh ! mon vaillant sauveur… si tu savais combien je ressens ton mal !…

« Oh ! comme je voudrais être blessée à ta place ?…

Un des guetteurs accourt de la redoute et crie, épouvanté :