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la terreur en macédoine

a un peu de vie. Autour des gares, une oasis de verdure et de fleurs surgit du désert. De beaux jardins aux fins gazons, aux corolles éblouissantes, des potagers couverts de légumes, des vergers plantés d’arbres à fruits magnifiques attestent l’incomparable fertilité du sol.

C’est une conquête faite sur le désert par les employés de la ligne, d’industrieux et patients travailleurs venus de la Suisse allemande.

Ah ! si la paix régnait sur ces contrées désolées ? Si le malheureux paysan n’était plus, à chaque minute, menacé dans sa sécurité, dans sa liberté, dans sa vie, quel fructueux labeur, quelles ressources, quelle opulence ! Mais c’est toujours, et plus que jamais, l’âge de fer, l’âge de sang !

Le soleil baisse. Un radieux soleil de printemps qui darde des flèches d’or sur cette terre de désolation. Tapis dans le lit de la rivière où coule un mince filet d’eau, les patriotes attendent.

« Encore une heure, dit à demi-voix Joannès en regardant sa montre.

— Ouf ! il fait bon souffler un peu, répond Rislog accroupi près du sac renfermant ses appareils.

— Une jolie marche, depuis Egri-Palanka !

— Près de quinze lieues ! et sans s’arrêter…

— C’est Tabanova que nous avons laissé derrière nous ?

— Oui, cet amas de débris calcinés… ces flaques de vase où achèvent de pourrir les bêtes et les gens, c’est ce qui fut ce village si coquet, où la vie était abondante et facile !

« Cinq cents malheureux y ont été assassinés par Marko !