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la terreur en macédoine

« Silence ! » crie Marko d’une voix tonnante.

De nouveau il attaque avec sa furie coutumière. Au feu du brasier le croissant de sa lame flamboie comme du métal chauffé à blanc. Faisant appel à toute sa vigueur, à toute sa dextérité, Marko songe que le temps des insultes et des fanfaronnades est passé. Et c’est alors un tourbillon de feintes savantes, une envolée de moulinets vertigineux qui enveloppe Joannès d’éblouissantes fulgurations.

Mais ces énormes développements de force, ces larges mouvements viennent se briser net sur ce petit homme immobile et ferme comme un roc ! Partout le large croissant rencontre la mince et rigide lame dont la pointe luit comme un stylet. Pas de gymnastique effrénée. Mais de brèves et sèches oppositions qui garantissent la tête, protègent les épaules et préservent les flancs.

Partout, la furibonde attaque de Marko se trouve coupée par ces mouvements vifs, menus faits de précision, exécutés avec un sang-froid prodigieux.

Les lames grincent, résonnent, se heurtent à se rompre, et Marko interdit, ne comprenant rien à cette puissance, pousse des grondements de bête muselée, attachée devant une proie qu’elle ne peut atteindre.

Cet engagement acharné dure une longue minute. Pour la seconde fois Joannès, voyant un jour, allonge le bras. D’instinct, Marko sent qu’il n’arrivera pas à la parade.

D’un bond, il se jette en arrière et, tout rugissant, exaspéré de reculer, veut recommencer l’attaque. Il n’en a pas le temps. Joannès fait un pas et se fend, son bras se détend et darde le terrible coup droit.