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la terreur en macédoine

éclats de bombe, et les patriotes s’échappent, absolument comme s’ils étaient escamotés. Leurs pertes sont cruelles. Cinquante hommes tués, sans compter les blessés que leurs camarades ont emportés.

Celles des Albanais sont effrayantes. Il y a par terre des centaines et des centaines de cadavres mêlés aux blessés qui appellent au secours avec des cris déchirants. Mais peu importe à Marko. Il se retire du côté des wagons afin de défendre la ligne du chemin de fer, et attend patiemment qu’on lui amène ses deux prisonniers. Il fait charger les armes, coucher en tirailleurs ses compagnies décimées, place des sentinelles, bref, se prépare à repousser une nouvelle attaque d’ailleurs improbable.

Le jour commence à poindre.

Toutes ces multiples besognes d’un chef soucieux de son devoir ont absorbé le temps de Marko qui dit enfin :

« Amenez les prisonniers ! »

Encadrés d’un peloton de véritables bandits, le jeune homme et la jeune femme s’avancent, droits et fiers, devant le pacha. Marko, qui savoure sa vengeance, rit de son mauvais rire et les regarde, les yeux mi-clos, comme un tigre à l’affût. Les rangs des gardiens s’écartent et Marko sursaute comme si une bombe éclatait sous ses talons !

« Mille tonnerres !… ce n’est pas eux !…

« Où est Joannès ?… où est Nikéa ?

— En sûreté, répond le jeune homme d’une voix ferme.

— Ah ! coquin… tu vas payer pour lui…

— Je ne suis point un coquin ! Je suis un patriote… un soldat qui combat pour l’indépendance de son pays.