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la terreur en macédoine

ravages causés par les bombes sont incroyables et demandent beaucoup d’efforts.

Il faut déblayer le sol encombré de cadavres, de rails tordus, de traverses broyées, de madriers calcinés, de choses sans forme et sans nom !

Il faut ensuite culbuter hors de la voie les machines mutilées et opérer le travail de réfection.

Les trois quarts de la journée ont été employés à ce rude labeur que rien n’interrompt.

D’autre part, le service en campagne est fait avec la précision et la vigilance que comportent la situation et surtout la proximité d’un ennemi aussi déterminé.

Vers cinq heures, les sentinelles avancées donnent l’alarme et se replient devant un petit groupe compact d’hommes sans armes. Ce groupe chemine lentement et se dirige vers le camp de Marko.

On vient de reconnaître ces hommes, et de bruyantes exclamations de joie signalent leur retour.

« Qu’y a-t-il ?… et pourquoi ces criailleries ? » demande Marko de ce ton farouche qui fait trembler les plus braves.

Un sergent arrive au pas gymnastique et répond, tout essoufflé :

« Excellence !… les trente prisonniers… faits par les rebelles… et ramenés par les deux… qui ont emporté là-bas… les cadavres de l’homme et de la femme… sur le brancard.

— Impossible ! ces rebelles sont des misérables qui massacrent les lâches qui se laissent prendre.

« Du reste, ils ont bien raison ! »

Une légende, soigneusement propagée par l’auto-