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la terreur en macédoine

À la pensée de perdre cette opulente prébende, ce pouvoir illimité, Marko frémit, jusqu’aux moelles, se crispe et rugit :

« Ah ! non… cela ne sera pas !… il faut en finir… à tout prix, de l’homme et de la rébellion !

« Quand je devrais mettre vingt-cinq mille rédifs sur pied, je veux l’avoir, d’ici huit jours, pieds et poings liés !

« Et je l’aurai !… Foi de Marko ! »

En homme qui veut la fin, Marko veut les moyens. Séance tenante, les ordres se succèdent. Sans relâche le télégraphe fonctionne, commandant des levées de soldats, infanterie, cavalerie, artillerie, comme s’il s’agissait de combattre une armée.

Dix mille vont partir séance tenante d’Usküb. Quinze mille de Prichtina. Les premiers fileront jusqu’à la frontière bulgare et les autres jusqu’à la frontière serbe. Ils s’étendront en occupant tous les passages, tous les sentiers de montagne, tous les villages, de façon, comme disent les dépêches, « à ne point laisser passer une souris ».

Ces troupes se mettront en marche de l’Est à l’Ouest, en rabattant, tous les rebelles sur la ligne Prichtina-Uskub, qui sera gardée par des forces considérables. En même temps il est enjoint aux chefs de détachement, officiers ou sous-officiers, de faire massacrer sans pitié tous les chrétiens en état de porter les armes, et de raser leurs demeures.

Ils devront tenir un état régulier des personnes tuées et le remettre au fur et à mesure à leurs supérieurs. En l’absence de tout document relatif à l’individualité des morts, les têtes seront coupées, et expédiées au chef-lieu du vilayet. Il y aura récompense.