Page:Boussenard - La Terreur en Macédoine, Tallandier, 1912.djvu/366

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
361
la terreur en macédoine

déjà Joannès croyait avoir partie gagnée, quand, aux environs de Janiero, en pleine montagne, ils tombent sur une troupe importante.

L’ancien gendarme Soliman, qui marche en éclaireur, s’arrête et revient en rampant.

« Des Albanais ! dit-il tout bas à Joannès : mauvaise rencontre…

— Combien sont-ils ?

— Au moins deux cents ! et armés jusqu’aux dents… les meilleures troupes de ce brigand de pacha.

— Ils ne t’ont pas vu ?

— Non, capitaine !… ils ne soupçonnent rien.

— Bon ! il faut obliquer à gauche et nous rapprocher du chemin de fer. »

En file indienne et habilement dissimulée, la petite troupe se glisse dans un ravin, s’insinue sous des massifs de châtaigniers nains, et attend un bon quart d’heure.

Rien ! solitude complète. On repart. Trois kilomètres plus avant, commence la plaine de Kossovo. On aperçoit de loin Prichtina, dont les mosquées brillent au soleil.

Tapis sous les broussailles, les Patriotes inspectent la plaine tragique. Impossible d’aller plus loin. Des postes sont établis de tous côtés et des sentinelles avancées sont embusquées tout près, à moins de cinq cents mètres.

Joannès hoche gravement la tête et dit :

« Nous avons là plus de trois cents hommes… Et il nous faut absolument passer !

« Demeurer longtemps est impossible… nous allons être découverts d’un moment à l’autre !

« Si seulement nous avions des chevaux !