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la terreur en macédoine

— Ça pourrait se trouver, dit gravement l’ancien gendarme.

« Voulez-vous que j’aille en découverte ?

— Va et sois prudent. »

Il s’éloigne en rampant, le poignard aux dents, ayant laissé son mannlicher qui l’embarrasserait.

Une longue demi-heure s’écoule. Crispés par l’attente, immobiles, respirant à peine, les Patriotes commencent à désespérer. Ils perçoivent un léger froissement de brindilles… La face balafrée par les épines, les vêtements en lambeaux, les mains saignantes, Soliman reparaît.

« As-tu réussi ? demande Joannès d’une voix que l’émotion fait trembler.

— Oui, capitaine ! c’est-à-dire, je sais où sont les chevaux… seulement, il faut les conquérir.

— C’est la moindre des choses ! allons-y donc…

— Suivez-moi ! »

De nouveau, la troupe reprend la file indienne. Elle se glisse comme un reptile énorme sous les basses branches, ondule, s’arrête et repart dans un silence absolu, sans un faux pas, sans un craquement de branche, sans un froissement de métal.

La descente est rude. On arrive près d’un petit plateau sur lequel se dressent une cinquantaine d’habitations.

Une trentaine de chevaux sellés, mais débridés, ayant en guise de litière du foin jusqu’au ventre, mangent avidement. Quatre hommes, vautrés à terre au milieu de débris de victuailles, les gardent en somnolant.

Tout semble en désarroi dans ces maisons. Les portes claquent, les fenêtres s’ouvrent, les gens