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la terreur en macédoine

hommes que Marko voulait fusiller… Je suis celle qui commande partout… parce que l’ange des ténèbres m’a ravi mon âme… Regarde-moi !… et reconnais Nikéa…

— Ah !… c’est toi… l’envoyée du Prophète… oui… c’est bien toi… Nikéa la Folle !…

« Femme !… que veux-tu ? »

Pour bien rester dans l’esprit de son rôle, Nikéa ne répond pas. Sa voix vibrante entonne la deuxième strophe :

« Kossovo !… Kossovo maudit !… »

« Le sang engraisse la terre… la terre produit le blé !… Oh ! sang généreux d’Iskander et de Korvin… fais croître des lances parmi les épis… Que le blé mûri par toi donne à nos jeunes hommes… vos vertus guerrières !…

« Kossovo sanglant ! Kossovo maudit !…

« Vengeons Kossovo ! »

Altérée au point d’être inintelligible, la voix cassée reprend :

« Encore une fois… que veux-tu ?… »

En bas, on entend de plus en plus distinctement les cris des brigands de Marko. Le bruit de leurs pas se rapproche. Ils montent le rude chemin d’accès… dans quelques minutes ils seront là… De la réponse de Nikéa, du caprice de ce mystérieux gardien dépend le salut des patriotes ! La jeune femme continue avec un calme superbe :

« Sous peine des plus grands malheurs, je veux que cette porte s’ouvre !… je veux le droit d’asile pour moi et ceux qui m’accompagnent… Tu entends !… je le veux ou je vous maudis tous !…

— Qu’il soit donc fait comme tu l’ordonnes et que Dieu me pardonne si je fais mal !…